Pashimottanasana
(Posture de la pince
)

 

Pashimottânasana est l’une des postures les plus importantes du yoga. Elle est toujours classée dans les quatre asana les plus importantes dans les textes classiques du yoga.

 

Description dans la Shiva samhitâ :


92) Se tenant les jambes non unies l’une à l’autre, le pratiquant saisit  solidement les orteils avec les mains et porte la tête sur les genoux. Cette posture est appelée ugrâsana, elle stimule la circulation de l’air et élimine la fatigue ; on l’appelle aussi pascimattânâsana. Si le sage exécute chaque jour cette excellent âsana, le flux de l’air circule à travers la voie postérieure.


93) Ceux qui pratiquent cet exercice obtiennent tous les pouvoirs, c’est pourquoi le yogi cherche avec ardeur à obtenir le succès dans cette pratique.


94) Cet âsana, au moyen duquel on obtient facilement le succès dans le contrôle de la respiration qui détruit beaucoup de souffrance, doit être tenu secret et ne doit pas être révélé à quelqu’un de non qualifié.

 

Description dans la Hatha-yoga-pradipika :


28) Que l’on allonge les jambes au sol, droites comme des bâtons, et que l’on attrape l’extrémité des pieds avec les mains ; après  avoir posé le front contre les genoux, que l’on reste ainsi : ceci s’appelle pascimatâna.


29) Ce paschimatâna, réputé entre tous les âsana, fait circuler le prâna dans toute la colonne, ravive le feu gastrique, maintient svelte et procure la santé.

 

Méthode pour prendre la posture :

 

Chacun a un peu la sienne, elle se valent sans doute toutes. Ce n’est donc pas pour rien non plus que c’est l’une des plus connue. Elle se décline sur plusieurs modes, d’abord classique, puis en demi pose puis en élévation. Nous allons aujourd'hui décrire succinctement la première. Même si ce n’est pas visible de l’extérieur, il y a de grandes différences dans son déroulement entre les différentes écoles qui la présente (les souffles, les visualisations, les mantras,  qu’on y fait dedans ainsi que ce qu’on recherche et les buts poursuivis). Nous allons ici nous contenter de parler de la méthode des natha-yogi, n’étant pas compétent pour les autres.

 

Dans le natha-yoga pashimottanasana est une des grandes postures d’éveil de l’énergie de la base, de l’énergie vitale, la kundalini. C’est une âsana au long court qui se garde dans une pratique classique entre 5 et 25 minutes, ou plus dans une sadhana. Elle agit principalement sur les points du feu et  du souffle, elle produit l’alchimie du souffle, la mutation du souffle pneumatique en souffle énergétique. Cette transformation est l’art même du prânâyâma. Nous ne pouvons pas entrer ici dans le détail de la méthode, mais donnons tout de même quelques indications.

 

Je propose celle-ci :


1) s’asseoir, allonger les jambes devant soi, jointes ou pas mais parallèles et tendues, les mains au sol à côté des fesses, les doigts dirigés vers l’arrière. Fermer les yeux, se concentrer dans l’espace, le son et la lumière intérieure, visualiser l’axe (sushmunâ), mûlâdhâra chakra avec le linga dans le carré jaune, le cobra enroulé autour, le triangle rouge de la shakti. Converger le regard sur un point médian ( bhrumadyadrishti ),  la langue est retournée (khecharimudrâ), l’anus est serré (mulabandha). Installer un souffle.

                                         

2) Visualiser la respiration Qui descend à l’inspiration, qui fait tourner l’énergie dans mûlâdhârachakra pendant la rétention les poumons pleins, qui remonte jusqu’au sommet du crâne durant l’expiration. Employer le rythme : 1 temps pour inspirer (de 4 à 10 secondes), 4 fois ce temps pour la rétention les poumons pleins, 2 fois ce temps pour l’expiration.

 

3) Sur une expiration penchez vous en avant pour rapprocher le front vers les genoux. En inspirant redressez vous et montant les bras. Faites une rétention les poumons pleins. Sur l’expiration descendez pour attraper les gros orteils avec pouces et index. Amener le menton au sternum pour faire jalandharabandha et posez le front ou mieux les yeux sur les genoux.

 

Pour rester dans la posture :


1) Installez  souffle et visualisations. Essayer d’allonger le souffle jusqu’à 8/32/16. C’est physiologiquement presque impossible car la position très fermée empêche l’air de remplir les poumons, il faut attendre que le souffle énergétique se réveille et ainsi d’avoir besoin de moins en moins d’air. S’installer 5 minutes au moins, et jusqu’à 25.

 

2) Utiliser les mantras classiques à la place du compte du souffle dès que c’est possible. Par exemple So (en inspirant et durant la rétention à plein) Ham en expirant, ou selon le même procédé Ram, Ksham. Se concentrer sur la visualisation, les points du feu, l’espace intérieur, la chaleur, la vibration et l’immobilité. On constate qu’au bout de 15 à 20 minutes quelques chose se passe, lâche, tout devient plus facile 

 

Pour quitter la posture :

Si vous y restez longtemps, il faut vraiment se redresser lentement nous proposons cette méthode :

 

1) Inspirez en levant la tête. Tenir le souffle.

2) Expirer sans rien bouger.

3) Inspirez en remontant lentement le corps, puis le bras.

4) Tenir les poumons pleins

5) Expirez en reposant les mains au sol, les doigts dirigés vers l’arrière.

 

Après la posture :


Prenez encore de 1 à 3 minutes pour observer ce qui se passe, soit allongé, soit en assise.

 

Quels avantages espérer :


Pashimottanasana est une grande pose de subtilisation du souffle, elle permet de respirer plus dans l’énergie que dans le pneumatique. Elle change donc la qualité et la puissance de l’énergie, c’est une aide précieuse au prânâyâma. Sur le plan physiologique elle stimule puissamment le feu digestif et le système immunitaire. Sur le plan mental elle donne recul et stabilité, elle érode l’impatience et familiarise avec l’immobilité.

 

Disons en conclusion que pashimottanasana est une posture puissante autant pour la santé, pour l’énergie que pour le mental. En outre elle donne un confort corporel et un dynamisme très, très agréables, pas si fréquent que ça…