Vrikshâsana
(L'arbre)
GENERALITES :
Si l'on regarde une balance, le mot qui convient pour exprimer son équilibre est immobilité. Les deux plateaux, l'un face à l'autre sont immobiles. Cette image nous relie également au principe ternaire : 2 plateaux, une aiguille entre eux. L'immobilité considérée comme preuve d'équilibre de la balance trouve la même fonction dans notre vie. Notre quotidien est une perpétuelle agitation, nous sommes entraînés ça et là au grés des évènements et, si nous ne sommes pas vigilants, ce mouvement incessant finit par nous déséquilibrer. Même dans notre vie personnelle nous sentons parfois l'impérieux besoin de nous arrêter pour nous rééquilibrer. Cet arrêt correspond au recul salutaire que nous devons prendre pour nous recentrer.
Intellectuellement tout le monde peut être d'accord avec cela. Sans doute certains l'ont déjà ressentit, se sont trouvé confronté à ce déséquilibre intérieur à cette envie de prendre de recul, qui peut se traduire dans les faits par une "envie de tout lâcher" ou une "envie d'ailleurs". Est-il obligé alors de tout changer ou de tout casser pour trouver l'équilibre ? Changer de travail, de famille, de ville, d'amis, etc. ...? N'y a-t-il pas un moyen qui ne dépende pas de l'extérieur pour nous aider à retrouver cet équilibre intérieur ? Le Yoga répond par l'affirmative et propose, entre autres, une école d'équilibre, d'immobilité, de recul, de lâcher prise, d'harmonie et de détente : la posture de l'Arbre et ses variantes.
LES POINTS IMPORTANTS DE LA POSTURE
L'arbre est une pose exigeante, tant sur le plan du corps, du souffle que de la concentration.
Le corps : une grande précision, un aplomb impeccable ainsi qu'un lâcher prise et une grande détente sont demandés. Cette posture doit être droit comme un "i" mais sans contraction. La plante du pied d'appui doit être relaxée, les orteils aussi.
Le pied de la jambe pliée : il peut être mis soit à l'intérieur de la cuisse de la jambe d'appui, soit sur elle le plus haut possible au niveau de la hanche, voire du bas ventre.
Les mains : elles sont jointes devant la poitrine ou les bras sont dirigés vers les bas les mains faisant les geste de la sagesse (JNANA-MUDRA, pouce et index fermement joints, les autres doigts unis et tendus). Les mains jointes peuvent aussi monter pour prendre appui sur la tête ou les bras se tendre au dessus de la tête (toujours mains jointes).
Les yeux : ils doivent fixer un point avec support, sur un mur par exemple. Ils peuvent aussi, et cela est préférable, fixer un point dans l'espace qui est situé environ un mètre devant soi. Suivant la concentration employée il est aussi possible de fixer un point au sol.
La langue : elle doit être retournée à l'intérieur de la bouche la pointe dirigée vers la glotte et appuyée sur la partie molle à l'arrière du palais (KHECHARI-MUDRA). Toutes fois cette pratique est facultative et réservée aux élèves habitués. De la même façon il peuvent aussi contracter l'anus en faisant MULA-BANDHA (qui est la contraction des sphincters de l'anus).
Le souffle : il doit rester contrôlé en respectant une expiration toujours deux fois plus longue que l'inspiration. Il est possible de mettre une rétention de souffle (Kumbakha) ou une suspension soit à poumons pleins, soit à poumons vides, ou les deux à la fois. La respiration doit accompagner la concentration et le souffle devra descendre jusqu'au point de concentration. Pendant la respiration il est nécessaire de compter les secondes pour respecter le rythme 1 temps d'inspire, 2 temps d'expire. Ce rythme pourra être 4, 5, 6 ou plus secondes pour inspirer et 8, 10, 12 ou le double pour expirer. Si le rythme est bien réglé un MANTRA doit remplacer le compte.
La concentration : soit elle se fait au niveau du ventre qui est le centre de l'équilibre physiologique, la charnière du corps. Soit elle se fait au niveau subtil et elle se placera alors sur l'un des trois GRANTHI, un des trois noeuds énergétiques qui sont : le centre d'énergie de la base de la colonne vertébrale, le centre d'énergie du coeur au milieu de la poitrine, et le centre d'énergie du front situé au milieu du front. Sur le plan subtil, le centre naturel de l'équilibre est le coeur qui correspond au toucher. La respiration devra atteindre ou passer par le point de concentration.
DÉROULEMENT DE LA POSTURE :
L'arbre doit être tenu au moins 3 ou 4 minutes sur chaque jambe. En général, surtout si l'on ne tient pas compte du cycle de la lune, il convient de commencer en prenant appui sur la jambe droite. Cette pose doit être "ouverte", comme toutes les pratiques, par une expiration durant laquelle on place le pied gauche sur la cuisse droite. En même temps les mains et les bras se positionnent comme il le faut. L'arbre doit être tenu un temps les yeux ouverts, environ les 2/3 du temps) et la fin doit se faire les yeux fermés. A la fin, qu'elle soit précipitée ou non par un déséquilibre, il faut arrêter sur une expiration.
AUTRES POSSIBILITES :
On peut rajouter un mouvement vers le bas, une main ou les deux pouvant aller toucher le sol. On peut faire le geste de la lumière en bouchant les yeux et les oreilles correctement (JYOTI-MUDRA). Il existe bien d'autres variantes, mais cette première forme est bien suffisante pour s'exercer.
FINALITÉ DE LA POSTURE :
Il s'agit avant tout de trouver l'équilibre grâce à la concentration et la détente, pas d’équilibre dans les tensions. Particulièrement quand les yeux se ferme la vigilance doit être très grande pour maintenir la concentration, la visualisation, la respiration dans l'ordre établit. Le passage des yeux ouverts aux yeux fermés est un moment intense, subtil et fugace. Si l'immobilité et la concentration se maintiennent, ce passage peut être une porte qui s'ouvre, à l'intérieur de soi.
EFFETS :
Comme nous l'avons vu on peut acquérir un développement intéressant de la faculté de concentration ainsi que de la maîtrise de la respiration. Ceci ne pouvant s'accomplir que grâce à une grande détente, un grand lâcher prise, l'arbre est une excellente posture de calme et paix. Elle permet une relaxation de tout le corps en relation avec la respiration et les pensées. C'est en vérité une très bonne posture tant pour la connaissance de soi que pour la détente et le bien-être général.